GIRATOIRE DES TATTES : Joëlle FLUMET

Publié le 14 mars 2019

Joëlle Flumet

Selfie sur l’herbe, 2015

Dans ses dessins, installations ou photographies, Joëlle Flumet manie l’art du détournement. Pour son affiche, elle introduit un élément parfaitement anachronique dans Le déjeuner sur l’herbe (1863) d’Edouard Manet : le selfie. Cette pratique désormais très rependue consistant à se prendre soi-même en photographie à l’aide d’un téléphone portable témoigne de l’importance grandissante que nous accordons aujourd’hui à notre propre image. L’introduction de cet élément perturbateur dans la composition d’Edouard Manet réactive une question qui était déjà au centre des préoccupations de l’artiste au 19e siècle, celle de l’adresse des regards. La jeune femme nue, regardant frontalement le public, flanquée de deux figures masculine quant à elles habillées avaient scandalisé le public parisien de l’époque. En usant des moyens de production numériques, Joëlle Flumet reformule la célèbre composition en termes contemporains. Les tracés vectoriels et les francs aplats de couleur obtenus sur ordinateur rappellent autant l’esthétique publicitaire que celle de la signalétique routière. La scène a d’ailleurs changé de décor, passant d’un bois à la pelouse fleurie d’un giratoire – clin d’œil facétieux au lieu d’installation des affiches.

Joëlle Flumet est née à Genève (1971). Elle vit et travaille à Zurich.